Emmanuel Parraud - Films - Adieu à tout cela 2010

FILMS

adieu à tout cela
Court-métrage de fiction tourné en créole à l’île de la Réunion en janvier 2010.

Scénario et réalisation Emmanuel Parraud
Production Petit à petit production, Tarmak Films
Image Tom Harari
Son Julien Gebraël
Montage son Sébastien Noiré
Mixage Laurent Gabiot
Montage Gilles Volta

Interprétation
Salomé Lebot, Natacha Payet,
Patrice Planesse, Rudy Haury,
Charles-Henri Lamonge, Jean Donadieu-Dompy…

Titre anglais The Last Goodbye
43 min 40 sec
Visa 117563
Contribution financière d'aide au court-métrage CNC

Support de projection 35MM et DCP

• Festival International du Film d’Afrique et des Iles (FIFAI), Le Port, La Réunion, 2010 – Prix Fé net Océan Indien
• Rencontres Cinématographiques de Béjaïa, Algérie, juin 2011
• Festival Côté Court de Pantin, section Panorama, juin 2011
• Festival of Nation, Ebensee, Autriche,
juin 2011
• Festival International du Film de Chypre, septembre 2011
• Festival Cinamazonia, Guyane, Nov 2011
• Hors compétition – clôture du Festival international de cinéma jeune public de Saint-Pierre ECRAN JEUNES, Ile de la Réunion, octobre 2011
• Cinémathèque Française – Images des Outre-mer Déc 2011
• Festival Régional et International 2012 du Cinéma de Guadeloupe FEMI
• Rencontres cinématographiques de Hergla 2012 (Tunisie)
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Mariène, 17 ans, doit quitter l’île de la Réunion où elle est née.

Dialogues ayant servi de repère pour Charles-Henri dans la séquence citée en extrait. (Comme un certain nombre d’acteurs du film, il a du mal à mémoriser les dialogues. Comme il est très à l’aise dans le jeu, très naturel, et qu’il improvise sans difficulté, je choisis de lui donner juste les repères importants de la discussion… Au début il faut parler de ça, puis de ça, et finir là-dessus… Je donne quelques phrases clefs à garder en tête. Et après on tourne. Et on corrige si ça ne va pas. On reprend autant de fois qu’il faut, parfois en changeant d’axe, parfois non.) Charles-Henri vient lui parler. CHARLES-HENRI T’habites chez tes parents ? MARIENE Oh là là… Pas ça. S’il te plaît. C’est vraiment trop lourd. Laisse tomber. CHARLES-HENRI T’habites pas chez eux ? A son ton, Mariène comprend qu’il ne s’agit pas de drague. CHARLES-HENRI (contrarié)  Pourquoi t’habites pas chez eux ? MARIENE Ils vont partir en Guyane. Il paraît que c’est mieux qu’ici… C’est eux qui le disent. CHARLES-HENRI Et tu vas pas les rejoindre ? MARIENE Non. CHARLES-HENRI Il faut rester avec ses parents. MARIENE C’est ça… Mariène pouffe de rire. CHARLES-HENRI C’est ton papa et ta maman. Faut pas les laisser comme ça. Faut pas les abandonner. MARIENE Ecoute… En fait, ma mère est morte. Je reste ici pour elle. Alors tu peux pas dire que je les abandonne. Charles-Henri se signe. Il pose la main sur elle avec respect. CHARLES-HENRI Tu es resté pour ta maman. C’est bien. Moi aussi je suis resté avec ma maman. Je t’invite à manger chez nous quand tu veux. Puis il la regarde plus en détail. CHARLES-HENRI Moi je m’appelle Charles–Henri, je vis pas tout seul, y'a ma mère, y'a mon frère, y'a ma marraine aussi, mais le Dimanche seulement. Ce jour là, le jour du seigneur on mange tous ensemble…

Dialogue - extrait

Je suis venue parce qu'ils m'avaient invitée à manger et qu'on devait aller marcher dans la ravine que Donadieu connaît bien. Ils devaient me montrer plusieurs cases de Mémé.

Au bout d'un long, long, long moment, on arrive à décoller de la maison, on passe par un petit chemin pour aller sonner à la case d'une grand-mère. Il n'y a personne. On traverse le ghetto de Piton comme ils disent ici. Marcher est laborieux. Il est saoul. On va sonner à une autre case. Je rencontre une mémé de 80 ans, Marie-Thérèse. Une dame qui peut ressembler à la Nénènne mais difficile à imaginer en tournage pour jouer.

Je retrouve Patrice à la boutique Mardaï (autrement dit "l'éléphant"), tenue par la fille de Mme Talassia.

Il a dû boire je ne sais combien de verres de rhum. Il a changé d'état en 20 mn. C'est difficile de parler.

Bref, ce sont des personnes qui sont dans de telles situations que l'affectif prend une place démesurée. Je mets le pied dans des situations de détresse et pour l'instant ça m'éloigne du film. C'est toute la complexité de travailler avec ce genre de personnes.

Pour l'instant je mets en standby les 3 gars.

Le jardinier quant à lui ne boit pas ou peu. Il est souvent dans son jardin. Plutôt sympathique.

Cette journée a été éprouvante parce que ça pose plein de questions sur comment on rencontre les gens et comment les filmer. Quand les personnes sont si ravagées ?

Besoin de recul.

Rencontre à Piton Saint-Leu de 4 hommes Dans un petit chemin terreux je longe un jardin créole avec beaucoup de végétation. Un homme en bleu de travail, cafre, casquette bleue et machette à la main, sort du mur de végétation. Après discussion sur mes recherches, il m’amène au fond du jardin. Un mur en moellons, un tas de 2 mètres de bouteilles Dodo, quelques planches en bois, un muret de pierre. 3 hommes sont assis et finissent de manger. Ils viennent de cuisiner sur un feu de bois, dans de vieilles marmites à même le sol. Charles-Henri, 30-40 ans, bonnet et lunettes de soleil, barbe mal rasée. Jean Donadieu, 40 ans environ, très musclé, visage marqué. Est le plus méfiant. Est ok pour être filmé.  Me raconte qu’avant il allait chasser à la colle des oiseaux pour les revendre – ti trafic quoi. Chasse dans la ravine, veut me montrer comment il faisait… Patrice, 38 ans, bégaie, ne marche pas droit. Grand et mince. Il habite au fond du jardin, il m’a fait visiter sa case. Divorcé, service militaire à Lyon, agent de sécurité et maçon, au chômage. Ils boivent depuis 8h du matin. Du rhum et du vin. Insistent pour que je mange avec eux. M’offrent des mangues vertes. Ils me disent de revenir avec mon équipe pour filmer. Ils me raccompagnent un petit bout de chemin à pied, eux s’arrêtent à la boutique « de l’éléphant » mais ils ne font qu’acheter à emporter plus loin. Ce sont des personnes que je veux revoir. Boutik blindée à l’extérieur, les gars font des réflexions, je continue ma route. (Notes de repérage, Esther Mazoviecki )

L'après-midi chez les 3 gars de Piton st Leu Arrivée vers 13h30 dans la case de Patrice. 3 gars que je ne connais pas sont assis à une table avec Charles-Henri et Donadieu. Ils jouent à la belote. Sur l'autre table, la table est mise, et le carry est dans la marmite. Ils sont tous complètement bourrés. Ils me disent que c'était pas prévu que la partie dure si longtemps. Je ne me sens pas mal à l'aise mais c'est un peu fou de se retrouver là. Patrice chez qui on est, est plein d'obsessions, me demande toutes les 2 minutes si je veux du coca, c'est difficile d'avoir une conversation, ils sont 4 à me parler en même temps. Un que je n’avais pas encore vu me montre sa phlébite et son bas de contention et perd l'équilibre, il chante en boucle Francis Cabrel, il répète les mêmes choses. Il est pas méchant mais très lourdingue. Un autre gars maigre avec bonnet rasta, environ 60 ans (moins mais fait plus) à la fin de la partie commence à s'énerver. Lance des injures, personne ne semble s'affoler. Nous nous mettons à table. Celui qui est très énervé n'était pas invité à manger, alors il sort de ses gonds. Il prend une bouteille de rhum vide pour tenter de frapper Patrice. Les autres calment le jeu. Ils ont l'air habitué. Je mange mon carri cabris, sans savoir si je vais me prendre une bouteille sur la tête. Puis ça se calme d'un coup. Et puis c'est Charles-Henri qui commence à délirer, et à s'énerver contre l'autre parce qu'il s'est énervé, et que ça se fait pas devant moi. Et puis il délire tout seul en criant : « moi Charles-Henri, moi Charles-Henri, je vis pas tout seul, y a ma mère, y a mon frère, y a ma marraine… », en boucle. Enfin, bref, c'était quand même le bordel, apparemment routinier. Evidemment, comme je ne comprends pas bien le créole, j'ai pas tout saisi. Patrice range les bouteilles vides, les couteaux, tout ce qui est tranchant. Enfin bon, je suis avec des gars qui sont dans une telle détresse…ouahouh! Chaque geste prend du temps, est cahotique. Patrice, Donadieu, Charles-Henri sont des bons gars mais ravagés, ils sont ravagés. Donadieu, lui, est plus lucide. C'est un beau parleur qui veut bien être filmé. Il a vécu longtemps en France – cuisto, a travailllé au port de Bordeaux, a fait des petits boulots, a voyagé en Europe… Il s'adresse à la caméra façon reportage. C'est difficile de maintenir une clarté dans la relation. Ces mecs sont en manque affectif, désœuvrés. (Notes de repérage, Esther Mazoviecki )

Repérages 2 / suite

Notes de repérages 1

Notes de repérages 2

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